Loar de Loïc Henry



Six jours. C’est le temps qu’il reste à Emrodes, le jeune souverain de Loar, pour répondre à l’ultimatum du régent de Melen. S’il refuse de se soumettre, sa planète sera réduite en cendres.

Asbjorn tient enfin sa revanche : dix ans après sa défaite, il s’apprête à vaincre son ennemi de toujours et à étendre sa domination sur l’ensemble des mondes connus.

Sur l’échiquier spatial, d’autres forces ourdissent leurs trames. Le grand prêtre de la planète Sainte manigance pour s’approprier le triomphe de Melen. Les mondes périphériques, riches d’une science génique portée à son paroxysme, préparent un contact imminent. Auprès des puissants, mercenaires Latars et conseillers spols dispensent leurs services, plus nécessaires que jamais.

Dans les profondeurs océanes de Loar, les daofined paraissent sereins, indifférents aux rivalités humaines. Au-delà de l’émotion attendue, leur cantilène annonce-t-elle de nouveaux désordres 
?


Le livre s'ouvre sur un conflit entre deux planètes Melen et Loar. Melen a lancé un ultimatum à Loar avant d'utiliser leur nouvelle arme dans ce conflit entre royaumes. Emrodes, souverain de Loar, cherche une solution pour s'en sortir en évaluant ses chances. Quand à Asbjorn, souverain de Melen, il cherche une autre tactique si son arme ne fonctionne pas.

Loar, même si le roman traite d'un conflit intergalactique, est avant tout une analyse des différentes royautés et leur manière de gouverner. 
Toutes les planètes sont des monarchies avec un Spol qui les conseille pour ce qui est de l'analyse géo-politique et d'un Latar pour l'analyse militaire. 
Il n'y a que Bihan, la planète espion, qui a une vision utopique de la gestion de sa population où il y a peu de gardes.
Quand à la sainte planète de Kreis, elle est dominé par des prêtres qui prêchent la nouvelle et unique religion. 

J'ai aimé ce livre car le conflit est plus centré sur les coulisses de celui-ci. On voit comment les royaumes cherchent à s'allier, les espions que chacun infiltre pour obtenir la moindre information.
Emrodes est un souverain avisé qui attend d'avoir toutes les analyses avant de prendre une décision. Asbjorn lui fonce plutôt tête baissée malgré les conseils avisés de son spol et de sa mercenaire latar.
Ce roman est un pont pour passer de la fantasy à la science-fiction comme Les pilleurs d'âmes de Laurent Whale, qui sont cependant deux ouvrages différents.

L'écriture de Loïc Henry est facile à lire. Fluide, elle nous entraîne sans difficulté dans le monde de Loar. Son attachement à l'étude héraldique démontre qu'il aime l'histoire autant que la fantasy ou la science-fiction. Ses descriptions sont juste des purs délices qui nous font voir la scène.


 Alors voilà un genre de littérature que je ne connais pas bien. Je ne le connaissais même pas du tout avant de commencer ce roman. Au bout d'une cinquantaine de pages, c'en était fait, je ne voulais plus lâcher le livre.

Alors « Loar » c'est un space opéra. Il nous conte l'histoire d'une guerre entre plusieurs royaumes représenté par des planètes (généralement une dominante et des vassales) qui se partagent une partie d'un univers.

Chaque chapitre du livre nous entraine dans l'un de ces royaumes et nous fait découvrir les intrigues ourdies sur chaque planète, les aspirations de conquêtes des uns et de la volonté de se protéger des autres.
De ce fait il m'a semblé lire à chaque chapitre de la période « pré-combats » des sortes de petites partie d'échecs où chacun met en place ses pions et ses stratégies.
Lors de la période « combats » ces parties d'échec se sont transformées en véritable illustration de tactiques de combat avec leurs pièges et leurs contres.
Et enfin dans la période « post-combats » nous découvrons comment tout cela est géré par les différents antagonistes.

Alors dis comme ça c'est vrai que ça peut ne pas donner envie. Mais le style de l'auteur, Loïc Henry, nous transporte dans ce monde dans lequel nous pouvons nous attacher aux personnages, même choisir un camp, et tout cela sans qu'il y ait de temps mort.
Nous voyons les liens se tisser entre des personnages, nous nous y attachons. Leurs sentiments sont extrêmement bien retranscrits et nous sommes totalement immergé dans l'histoire.
Nous vivons les combats, et les voyons, sans pour autant qu'ils ne soient décrit à outrance, l'esprit étant entrainé par le texte se suffit à lui même.

Ce livre est, pour moi, mon second coup de cœur littéraire et je le recommande vivement pour les amateurs du genre mais aussi pour ceux qui comme moi ne lisent pas, ou très peu de SF et qui souhaiterait le découvrir.



En accord avec les éditions Griffe d'encre et de l'auteur Loïc Henry, un extrait de Loar :

"    Le murmure de gorge des trois chanteuses brisa le silence respectueux qui s'était glissé dans la salle des festivités du palais d'Asbjorn. Leurs notes demeuraient monotones, avec la genèse de la gwerz, le chant sacré des royaumes. Jamais plus d'une artiste ne reprenait sa respiration au même moment, si bien qu'au moins deux d'entre elles psalmodiaient les rythmes ancestraux. Le son se densifiait, comme si les interprètes modulaient le timbre et la puissance de leur voix pour s'adapter aux caractéristiques de l'endroit.
    Le public, composé pour l'essentiel de la cour et des officiers des armées de Melen, discernait peu à peu la mélodie dissimulée derrière la complainte monocorde des trois jeunes femmes. L'une d'entre elles entamait parfois une variation de quelques secondes, pour rejoindre ensuite la tonalité de ses deux consœurs.
    Pour la première fois, depuis le début de la soirée, les regards curieux s'étaient détachés de Loazour, et la jeune Latar appréciait ce semblant d'intimité au milieu des invités . Elle assistait à sa première gwerz, et, malgré l'indifférence qu'elle affichait, l'excitation la gagnait. Même si elle avait déjà pu écouter des retransmissions de concerts au sein de la citadelle de Laboused, la rumeur affirmait que rien ne remplaçait un authentique récital public, tel que celui qu'Asbjorn offrait à ses invités.
    Les chanteuses s'autorisaient de nouvelles improvisations qui soutenaient, renforçaient ou amplifiaient l'harmonie générale. Deux voix graves se glissèrent soudain aux côtés des voix féminines : les chanteurs s'étaient avancés avec discrétion à quelques pas des jeunes femmes. Les voix des hommes et des femmes se fuyaient parfois, pour s'unir à nouveau sur un rythme lancinant. Une émotion étrange se diffusait dans le corps de Loazour ; elle ressentait la chaleur réconfortante de la litanie, la douceur extrême des mélodies éphémères, la violence cachée des claquements de langues. Elle se détourna soudain, au bord des larmes.
    Reprends-toi ! songea-t-elle. Tu représentes Latar !
    Un regard circulaire lui apprit que la plupart des invités n'avaient su retenir leurs pleurs, comme pour se délivrer d'un excès d'émotion. Elle concentra de nouveau son attention sur les artistes, envoûtée par la beauté simple des chants. Elle réalisa soudain que les voix étaient maintenant accompagnés par la pureté du son de la telenn, l'instrument à cordes issu du fond des âges. Elle n'avait pas perçu le moment où le telenner s'était joint aux chanteurs, comme si les plaintes de son instrument s'étaient naturellement intégrées au récital. De nombreux musiciens prenaient maintenant place autour des chanteurs, la plupart d'entre eux s'asseyant à même le sol, leur instrument sur les genoux.
    Loazour en reconnut quelques-uns : des percussions simples composées d'une peau naturelle et d'une caisse de résonance, des baguettes de bois qui émettaient des claquements secs, des bombardoù au son pincé. Un à un, ils rejoignaient le concert, sans briser la magie de l'ensemble, en ajoutant une nouvelle touche personnelle qui amplifiait le charme du récital.
    Le son gagna encore en profondeur, en diversité. Chacun jouait sa propre partition, indifférent aux artistes ; pourtant, une impression d'unité et d'harmonie se dégageait de la mélodie. Les lignes d'écoute se multipliaient sans cesse, pour ensuite disparaître dans une explosion de sons. Loazour devenait la voix chaude et grave qui inspirait la confiance, elle ressentait les envolées qui vantaient la précieuse liberté, elle s'ébrouait dans les cascades claires de la telenn qui évoquaient les rires oubliés de l'enfance, elle s'imprégnait de la douce plainte des bombardoù et des rythmes répétitifs des percussions.
     Puis la mélodie se simplifia, comme si les musiciens avaient décidé de s'unir pour offrir aux invités un bouquet final. Les improvisations se fondaient en une entité délicate, émouvante malgré sa simplicité. Les instruments se turent l'un après l'autre, comme pour laisser aux voix le soin d'offrir l'ultime adieu. Les chants se muèrent en murmures, presque inaudibles et finirent par s'éteindre alors que chacun tendait l'oreille pour glaner la grâce des dernières notes.
    Les convives demeurèrent un instant silencieux. Les applaudissements, piètres témoignages de l'émoi dans lequel le récital avait plongé les invités, paraissaient vains, d'autant plus que les artistes s'étaient éclipsés telles des ombres, comme le voulait la coutume.
     Puis les masques de courtisans se reformèrent sur les visages, des chuchotements germèrent autour de la salle des festivités, bientôt remplacés par des conversations et des exclamations : beaucoup tentaient de commenter une émotion que les mots ne suffisaient pourtant pas à exprimer."


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